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Юрий Малинин - Франция в эпоху позднего средневековья. Материалы научного наследия

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Il pense à la trêve de deux mois conclue entre le roi Charles VII et les Anglais en mai 1444 et qui se prolongea jusqu'en 1449. Cette trêve fut particulièrement importante pour le roi René, dans la mesure où, lors de sa conclusion, fut obtenu des ambassadeurs anglais un accord sur le mariage de sa fille Marguerite avec le roi d'Angleterre Henry VI, mariage qui eut lieu en 1445. La même année, il marie sa fille Yolande à Ferry, comte de Vaudémont, ou de Lorraine, qui participa avec son épouse aux fêtes de Saumur de 1446.

Le chroniqueur Mathieu d'Escouchy écrit à propos de cette annéelà:

«Et pendant le temps de l'an Ц46 dessusdit, à cause de ce que les trêves d'entre les Franchois et les Anglois se entretenaient assez seurement, et que les seigneurs et nobles hommes n'avoient mis grant occupation pour le fait de la guerre, se commancerent à mettre sus plusieurs joustes de par le Roy de France, les princes et grans seigneurs, et aussy aultres esbatemens de grans coustaiges et deepens, affin de entretenir leur gens sur l'exercice des armes, et aussy pour passer temps plus joyeusement. Et entre les aultres, les Roys de France et de Sicile (René d'Anjou) … en firent et souffrirent faire pluseurs et de diverses manières en pluseurs lieux, qu 'il y avoit certain nombre de chevaliers ou nobles à garder ung pas, qui estoit desnommé par propre nom, contre tous iceulx qui aler ou passer y verroient».{629} 

Ici le chroniqueur se trompe en supposant que Charles VII participa lui aussi à la joute de Saumur. C'est à son instigation que furent organisées quelques joutes dont celle de Nancy en 1445 qu'il honora effectivement de sa présence. Mais il est caractéristique que la joute de Saumur à ses yeux éclipsait toutes les autres. Le bruit qu'elle fit s'en répandit si loin que dans la pensée des observateurs étrangers, pendant un certain temps, tous les concours de chevalerie de quelque importance semblaient s'être déroulés à Saumur.

Les fêtes commencèrent le 26 juin et devaient durer 40 jours. Mais quand ce délai fut écoulé, on les prolongea de deux jours et elles prirent fin le dimanche 7 août. Il est vrai que l'auteur de notre texte indique le 8 août, mais le 8 août était cette année-là un lundi, et il dit lui-même que la fête se termina un dimanche (str. 1999, 213).

Mais où se déroula-t-elle? La question est importante puisque à ce propos se sont constituées deux légendes assez tenaces qui ne sont confirmées ni par des documents ni par notre texte. D'abord, à la suite de Lecoy de La Marche, toute une série d'auteurs affirment que tout se passa dans le château de Launay, non loin de Saumur{630}. Ce château avait été acquis par le roi René peu de temps auparavant, en 1444. Mais, ni dans les documents conservés, ni dans notre texte ce château n'est indiqué comme lieu de déroulement des festivités. Au contraire, dans le manuscrit de Pétersbourg, l'auteur parle à plusieurs reprises du château de Saumur (str. 3, 31), et dans les comptes que l'on a conservés, le spectacle est mentionné seulement sous le nom de «pas de Saumur». Comme le fait remarquer Ch. de Mérindol, le roi René, après avoir acheté Launay, y entreprit de grands travaux de restauration et au moment de la joute, ces travaux battaient leur plein{631}. Aussi était-il impossible d'y organiser une joute. Lecoy de La Marche a apparemment confondu les comptes qui concernent le coût de ces travaux avec le coût de l'organisation de la joute.

La deuxième légende fut lancée par Vulson de la Colombière, qui affirme que le roi René avait fait construire, spécialement pour cette joute, un château factice en bois.{632} Quatrebarbes s'empara de cette version, et de Quatrebarbes elle alla voyager jusqu'à I. Huizinga.{633} En réalité il n'y eut jamais de château en bois. G. Bianciotto fut le premier à le faire remarquer, en indiquant que la fête fut organisée au château de Saumur.{634} Vulson avait mal interprété les mots de l'auteur du manuscrit de Pétersbourg, qui parle du château de Saumur comme d'un «chastel fait par artifice» (str.31), pensant, sans aucun doute, au grand art avec lequel il avait été construit. Dans un autre passage, il note la magnificence du château (str. 3), qui était en effet à cette époque l'un des plus beaux châteaux de France. Devenu en 1360 la principale résidence de l'oncle de René, le duc Louis Ier d'Anjou, il fut restauré à si grands frais qu'il pouvait rivaliser en luxe avec les plus beaux châteaux de ses frères, le roi Charles V et le duc Jean de Berry.

Les festivités se déroulèrent donc dans ce magnifique château et c'eût été une fantaisie extravagante et inutilement coûteuse de construire tout à côté un château en bois. À la distance d'une demiportée de flèche, on avait suspendu sur une colonne de marbre un écu que gardaient deux lions flanqués de deux «sarrazins». A côté se déployait une tente où se tenait un nain, chargé, à chaque fois que quelqu'un frappait l'écu de la lance pour défier ainsi un des «tenants du pas», de le faire savoir au château, où se présentait un «assaillant» en compagnie de sa dame. Comme dans les autres joutes du Moyen Âge tardif, on utilisait ici une sorte de livret dont les motifs étaient tirés des romans de chevalerie. Le nain aussi bien que le sarrazin en sont des personnages assez habituels. Dans la joute de Saumur, ils composent la «joieuse garde», et l'auteur de notre texte écrit en manière d'explication:

Et pour ce qu 'on trouve en escript
Es anciens romans, ou on lit
Qu'avoit jadis mal et délit
Lors en la  Doloureuse garde,
Quant Lancelot le gean prit,
Son escu tumba par despit
Devant le nain qui le reprit,
Commis au paveillon pour garde,
Puis la nomma Joieuse garde. (str. 4)

Les assaillants, qu'on appelait les «estrangers», étaient installés non loin de là dans un monastère, où ils s'équipaient pour le combat et recevaient instructions et recommandations de l'ermite qui y vivait.

Hermite qui les adressoit,
L'emprinse savoir leur faisoit
Du pas et chascun conseilloit
Comment il se gouverneroit
Affin d'avoir pris et ruby. (str. 24)

Cet ermitage faisait sans aucun doute aussi partie de la mise en scène, cela sous l'influence des mêmes romans, où les ermites jouent le rôle de conseillers spirituels et même parfois de médecins des chevaliers errants. Tout cela était lié avec la représentation qu'on se faisait de l'époque des chevaliers de la Table Ronde, à propos de laquelle Thomas Malory, dans son arrangement des romans français du cycle arturien, écrit:

«… for in these days it was not the guise of hermits as in nowadays, for there were none hermits in those days but they had been men of worship and of prowess; and those hermits held great household, and refreshed people that were in distress»{635}

Aux combattants déclarés les plus heureux dans les différents duels par la décision des juges, parmi lesquels se trouvait Antoine de la Salle, célèbre écrivain du XVe siècle, resté longtemps au service de la maison d'Anjou, on distribua des prix: des brillants aux «tenants», des rubis aux assaillants. Ces prix étaient d'égale valeur. Les rubis aussi bien que les brillants, selon la remarque de G. Bian-ciotto, «restent avant tout essentiellement symboliques, et reviennent d'ailleurs aux dames, non aux combattants».{636} Les chevaliers reçurent en tout 36 rubis et 54 brillants (str. 218).

À la fin de la joute les juges désignèrent les deux meilleurs combattants, un parmi les «défendants», et ce fut le gendre du roi, Ferry de Lorraine, l'autre parmi les assaillants, et cet honneur revint au seigneur de Florigny. Le premier reçut «un fermaillet d'or tout mar-sis, semé de diamans et rubis», dont l'auteur nous dit qu'il valait «mille francs», ajoutant:

Et certes si plus je disoye,
Suis certain que n'en mentiroye.
Et l'autre, un cheval de combat. (str. 216)

Mais laissons de côté la joute, qui est décrite en détail dans le manuscrit, et tournons-nous vers l'auteur du texte. Il faut tout de suite dire que son nom, qui n'est pas indiqué dans le manuscrit, ne nous est pas connu, et il y a bien peu de chance que l'on puisse un jour l'établir. Il faudrait un document d'époque où l'origine du texte serait précisée, mais dans les comptes et autres papiers du roi René que nous connaissons, il n'y a rien de tel, ce qui laisse peu d'espoir.

Mais même si nous savions son nom, il n'ajouterait presque rien à son portrait, tel qu'il est dépeint dans l'œuvre. Et ce portrait est suffisamment précis et clair pour connaître cet homme et appréhender son univers mental. Sous ce rapport, notre texte est bien supérieur à la description poétique de la joute de Tarascon dont l'auteur est Louis de Beauvau. Le nom de celui-ci est connu, puisqu'il est indiqué au début du texte, mais sa personnalité reste, à la lecture de son œuvre, terne, sans relief. Et il est impossible de dire à son sujet quoi que ce soit, en dehors de ce qui est déjà connu par d'autres sources.

Il est clair que notre auteur était un moine, et plus précisément un moine augustin. C'est ainsi qu'il est représenté dans une miniature montrant la scène de la présentation du manuscrit au roi René et c'est ainsi qu'il se présente lui-même quand il dit:

Je sui presque demy sauvage,
N'ay congnoissance hors ce boucaige,
Nuls temps ne voy gens de paraige
Fors en ville, court ou festaige. (str. 238)

Il souligne très expressivement la vaillance d'un des participants à la joute en disant que:

Pour l'arceveschié de Rouen
N'eusse valu estre son pleige
Non туе d'Angiers gran doyan. (str. 129)

À ses yeux ces deux dignités ecclésiastiques sont les plus hautes dont il puisse rêver, et le fait qu'il mentionne justement celles-là prouve qu'il est Angevin.

La description poétique de la joute a été composée selon les propres mots de l'auteur «soubs la noble obéissance», c'est-à-dire sur l'ordre du roi René (str. 9). Ici se posent deux questions: quand l'œuvre fut-elle commandée et quand fut-elle achevée? Il n'arriva à Saumur, écrit-il, que pour la fin des festivités, le 3 août (str. 8). Et bien qu'il dise qu'il se rendit là pour recueillir des témoignages dignes de foi et «au vray escripre» les événements, comme s'il avait reçu la commande avant son arrivée il semble bien qu'il ne la reçut qu'à son arrivée à Saumur. Sinon, il aurait dû venir plus tôt.

Quoi qu'il en soit, une des raisons, sinon la principale, qui l'amenaient là, était cette «bonne curiosité», qu'il employa d'après lui, pour observer la joute (str. 239). La curiosité est d'autant plus compréhensible que les combats de chevalerie l'enthousiasmaient. Il écrit à propos de l'un des duels:

La eusses veu plaisans debas!
...
La veissés jeunesse florir,
Haulte noblesse seigneurir
Soubz le ciel n'avoit plus bel estre;
Homme ne feust, peu enveillir,
Estre malade ne mourir:
De toute joye secourir
Pouvoit chascun et s'i repestre! (str. 133)

Il était manifestement animé d'un grand respect pour la chevalerie et la culture courtoise. Arrivé à Saumur, il fit

maints tours
Par ces salles et ces tours,
Visé les dames et leurs atours,
Leur gent port et doulce manière…
(str. 240)

Et tout cela, comme il le dit, pour faire une description exacte. Ses projets, qu'il expose au début de son œuvre, étaient très ambitieux. Fier de ce que «premier feray conte» sur les fêtes (str. 5) il se propose de raconter

Des rois, ducz, contes et barons.
De la dame, de son atour,
De son issue, de son retour
Et comme l'omme d'armes part
Du chastel et vient celle part
Ou est le naym et le liepart… (str. 5–6)

Pourtant nous ne trouverons pas dans son œuvre tout ce qu'il voulait y décrire, loin de là. Ni salles de festins, ni atours féminins, ni manières, si soigneusement énumérés.

Des festivités, il ne retient presque exclusivement que les duels sur la lice. En outre ce ne sont pas les combats ni leurs résultats qui l'intéressent surtout. Bien souvent il ignore l'issue des engagements car pour lui c'est autre chose qui est important. Il aurait pu connaître les résultats des duels par des notes ou des témoignages, mais il néglige tout cela et ne trouve même pas nécessaire de s'excuser et de se justifier du fait qu'il ne sait ou ne se rappelle pas qui a obtenu le rubis et qui le brillant. En revanche, il présente chaque fois ses excuses ou une justification quand il ne sait ou ne se rappelle pas ce qui pour lui est le plus important: les noms des participants engagés dans le duel, leurs armes, les timbres avec les différentes figures symboliques, et la couleur des caparaçons. Ainsi quand il ignore la couleur du caparaçon du comte de Tancarville, il dit:

Mais dire ne puis vrayement
Quelle coulleur car proprement
N'ay peu savoir mes briefvement
N'en enquerray plus plainement:
Après enferay mencion. (str.51)

Incapable de décrire en détail le timbre du seigneur de la Pous-sonière, il se justifie à nouveau:

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