Ирина Дегиль - Французский с Проспером Мериме. Кармен
Je promis d’exécuter sa commission (я пообещал выполнить его поручение). Je le revis le lendemain (я увидел его снова на следующий день), et je passai une partie de la journée avec lui (и провел часть дня = несколько часов вместе с ним). C’est de sa bouche que j’ai appris les tristes aventures qu’on va lire (именно из его уст узнал я об этих печальных приключениях, о которых вы сейчас прочтете; apprendre – изучать; узнавать; aventure, f).
– Eh bien! si vous allez à Pampelune, vous y verrez plus d’une chose qui vous intéressera… C’est une belle ville… Je vous donnerai cette médaille (il me montrait une petite médaille d’argent qu’il portait au cou), vous l’envelopperez dans du papier… (il s’arrêta un instant pour maîtriser son émotion…) et vous la remettrez ou vous la ferez remettre à une bonne femme dont je vous dirai l’adresse. Vous direz que je suis mort, vous ne direz pas comment.
Je promis d’exécuter sa commission. Je le revis le lendemain, et je passai une partie de la journée avec lui. C’est de sa bouche que j’ai appris les tristes aventures qu’on va lire.
III
Je suis né, dit-il, à Elizondo (я родился, сказал он, в Элисондо), dans la vallée de Baztan (в Бастанской долине). Je m’appelle don José Lizarrabengoa (меня зовут дон Хосе Лисаррабенгоа), et vous connaissez assez l’Espagne, monsieur (и вы достаточно хорошо знаете Испанию, сеньор), pour que mon nom vous dise aussitôt que je suis Basque et vieux chrétien (чтобы сразу же понять по моему имени: «чтобы мое имя вам сказало», что я баск и древний христианин). Si je prends le don, c’est que j’en ai le droit (если я беру = называю себя «дон», это потому что я имею на это право), et si j’étais à Elizondo, je vous montrerais ma généalogie sur un parchemin (и, если бы я был в Элисондо, я бы показал вам мою родословную на пергаменте). On voulait que je fusse d’Église (хотели, чтобы я принял духовный сан: «был от Церкви»), et l’on me fit étudier, mais je ne profitais guère (и заставляли учиться, но я не извлекал пользы /из учения/; profit, m – прибыль; выгода, польза).
Je suis né, dit-il, à Elizondo, dans la vallée de Baztan. Je m’appelle don José Lizarrabengoa, et vous connaissez assez l’Espagne, monsieur, pour que mon nom vous dise aussitôt que je suis Basque et vieux chrétien. Si je prends le don, c’est que j’en ai le droit, et si j’étais à Elizondo, je vous montrerais ma généalogie sur un parchemin. On voulait que je fusse d’Église, et l’on me fit étudier, mais je ne profitais guère.
J’aimais trop à jouer à la paume (я слишком любил играть в мяч; paume, f – ладонь; игра в мяч /через сетку; мяч бросался рукой, позднее ракеткой/), c’est ce qui m’a perdu (именно это меня погубило; perdre – терять; погубить). Quand nous jouons à la paume, nous autres Navarrais (когда мы, наваррцы, играем в мяч; nous autres – мы, наш брат), nous oublions tout (мы забываем обо всем). Un jour que j’avais gagné, un gars de l’Alava me chercha querelle (однажды, когда я выиграл, парень из Алавы искал ссоры со мной; querelle, f); nous prîmes nos maquilas8, et j’eus encore l’avantage (мы взялись за «макилы»/палки, и я опять победил; avantage, m – выгода; превосходство); mais cela m’obligea de quitter le pays (но это вынудило меня покинуть страну; obliger – обязывать; вынуждать). Je rencontrai des dragons (я встретил драгунов; dragon, m – дракон; драгун), et je m’engageai dans le régiment d’Almanza, cavalerie (и я поступил в Альмансский полк, в кавалерию; s’engager – обязываться; наниматься, пойти). Les gens de nos montagnes apprennent vite le métier militaire (люди с наших гор = наши горцы быстро обучаются военному делу; montagne, f; métier, m – ремесло; дело).
J’aimais trop à jouer à la paume, c’est ce qui m’a perdu. Quand nous jouons à la paume, nous autres Navarrais, nous oublions tout. Un jour que j’avais gagné, un gars de l’Alava me chercha querelle; nous prîmes nos maquilas, et j’eus encore l’avantage; mais cela m’obligea de quitter le pays. Je rencontrai des dragons, et je m’engageai dans le régiment d’Almanza, cavalerie. Les gens de nos montagnes apprennent vite le métier militaire.
Je devins bientôt brigadier (я скоро стал ефрейтором; brigadier, m – бригадир; капрал), et on me promettait de me faire maréchal des logis (и меня обещали произвести в вахмистры; maréchal, m – маршал; /уст./ кавалерийский офицер; maréchal des logis – сержант; вахмистр), quand, pour mon malheur, on me mit de garde à la manufacture de tabacs à Séville (когда, к моему несчастью, меня поставили охранять табачную фабрику в Севилье; garde, f – хранение; охрана). Si vous êtes allé à Séville, vous aurez vu ce grand bâtiment-là (если вы бывали в Севилье, вы, должно быть, видели это большое строение), hors des remparts, près du Guadalquivir (за крепостной стеной над Гвадалквивиром; rempart, m – земляной вал; крепостная стена). Il me semble en voir encore la porte et le corps de garde auprès (мне кажется, что я все еще = я как сейчас вижу дверь и караульное помещение возле нее; corps, m – тело; /воен./ корпус; караульное помещение). Quand ils sont de service, les Espagnols jouent aux cartes, ou dorment (находясь на службе, испанцы играют в карты или спят); moi, comme un franc Navarrais, je tâchais toujours de m’occuper (я, как истинный наваррец, всегда пытался найти себе дело; franc – вольный; настоящий, подлинный; s’occuper – заниматься; найти себе дело).
Je devins bientôt brigadier, et on me promettait de me faire maréchal des logis, quand, pour mon malheur, on me mit de garde à la manufacture de tabacs à Séville. Si vous êtes allé à Séville, vous aurez vu ce grand bâtiment-là, hors des remparts, près du Guadalquivir. Il me semble en voir encore la porte et le corps de garde auprès. Quand ils sont de service, les Espagnols jouent aux cartes, ou dorment; moi, comme un franc Navarrais, je tâchais toujours de m’occuper.
Je faisais une chaîne avec du fil de laiton (я делал цепь из латунной проволоки; fil, m – нить; проволока; laiton, m), pour tenir mon épinglette (для моего затравника: «чтобы держать мой затравник»; tenir – держать; épinglette, f – буравчик; затравник). Tout d’un coup les camarades disent (вдруг товарищи говорят): « Voilà la cloche qui sonne (вот и колокол звонит); les filles vont rentrer à l’ouvrage (сейчас девушки вернутся на работу; ouvrage, m – работа, труд; дело). » Vous saurez, monsieur, qu’il y a bien quatre à cinq cents femmes occupées dans la manufacture (вы, может быть, знаете: «будете знать», сеньор, что на фабрике занято четыреста-пятьсот женщин). Ce sont elles qui roulent les cigares dans une grande salle (именно они скручивают сигары в большой комнате; rouler – катить; скручивать), où les hommes n’entrent pas sans une permission du Vingt-quatre9 (куда мужчины не заходят без разрешения вейнтикуатро), parce qu’elles se mettent à leur aise, les jeunes surtout, quand il fait chaud (потому что они раздеваются, особенно молодые, когда жарко; aise, f – удовольствие; удобство; se mettre à l’aise – чувствовать себя непринужденно).
Je faisais une chaîne avec du fil de laiton, pour tenir mon épinglette. Tout d’un coup les camarades disent: « Voilà la cloche qui sonne; les filles vont rentrer à l’ouvrage. » Vous saurez, monsieur, qu’il y a bien quatre à cinq cents femmes occupées dans la manufacture. Ce sont elles qui roulent les cigares dans une grande salle, où les hommes n’entrent pas sans une permission du Vingt-quatre, parce qu’elles se mettent à leur aise, les jeunes surtout, quand il fait chaud.
À l’heure où les ouvrières rentrent, après leur dîner (в час, когда работницы возвращаются, после обеда; dîner, m – ужин; /уст./ обед), bien des jeunes gens vont les voir passer (многие молодые люди идут посмотреть, как они проходят /мимо/), et leur en content de toutes les couleurs (и рассказывают им всякую всячину; couleur, f – цвет; en dire de toutes les couleurs à qn – такого наговорить кому-либо). Il y a peu de ces demoiselles qui refusent une mantille de taffetas (немногие из этих девушек отказываются от мантильи из тафты; taffetas, m), et les amateurs, à cette pêche-là, n’ont qu’à se baisser pour prendre le poisson (и любителям этой рыбалки достаточно лишь нагнуться, чтобы поймать рыбку). Pendant que les autres regardaient (в то время как другие смотрели), moi, je restais sur mon banc, près de la porte (я оставался на моей скамье возле ворот). J’étais jeune alors (тогда я был юн); je pensais toujours au pays (я все еще думал о /моей/ стране = вспоминал о родине), et je ne croyais pas qu’il y eût de jolies filles sans jupes bleues et sans nattes tombant sur les épaules10 (и думал, что не бывает красивых девушек, которые не носят синие юбки и косы, спадающие на плечи; natte, f – циновка; коса /волос/).
À l’heure où les ouvrières rentrent, après leur dîner, bien des jeunes gens vont les voir passer, et leur en content de toutes les couleurs. Il y a peu de ces demoiselles qui refusent une mantille de taffetas, et les amateurs, à cette pêche-là, n’ont qu’à se baisser pour prendre le poisson. Pendant que les autres regardaient, moi, je restais sur mon banc, près de la porte. J’étais jeune alors; je pensais toujours au pays, et je ne croyais pas qu’il y eût de jolies filles sans jupes bleues et sans nattes tombant sur les épaules.
D’ailleurs, les Andalouses me faisaient peur (к тому же андалузки пугали меня = я боялся андалузок); je n’étais pas encore fait à leurs manières (я еще не привык к их манерам): toujours à railler, jamais un mot de raison (постоянные насмешки, ни одного рассудительного слова; railler – высмеивать, поднимать на смех; raison, f – разум; здравый смысл). J’étais donc le nez sur ma chaîne (итак, я уткнулся носом в свою цепь), quand j’entends des bourgeois qui disaient (как вдруг слышу, как какие-то штатские говорят; bourgeois, m – буржуа; штатский): « Voilà la gitanilla (а вот и цыганочка /исп./)!» Je levai les yeux, et je la vis (я поднял глаза и увидел ее). C’était un vendredi, et je ne l’oublierai jamais (это была пятница, и я этого никогда не забуду). Je vis cette Carmen que vous connaissez (я увидел эту Кармен, которую вы знаете), chez qui je vous ai rencontré il y a quelques mois (у которой я вас встретил несколько месяцев назад).
D’ailleurs, les Andalouses me faisaient peur; je n’étais pas encore fait à leurs manières: toujours à railler, jamais un mot de raison. J’étais donc le nez sur ma chaîne, quand j’entends des bourgeois qui disaient: « Voilà la gitanilla! » Je levai les yeux, et je la vis. C’était un vendredi, et je ne l’oublierai jamais. Je vis cette Carmen que vous connaissez, chez qui je vous ai rencontré il y a quelques mois.
Elle avait un jupon rouge fort court (на ней была очень короткая красная юбка) qui laissait voir des bas de soie blancs avec plus d’un trou (из-под которой видны были: «которая позволяла увидеть» дырявые белые шелковые чулки: «с больше чем одной дырой»; trou, m – дыра; soie, f), et des souliers mignons de maroquin rouge (и миленькие туфли красного сафьяна) attachés avec des rubans couleur de feu (привязанные лентами цвета огня; mignon – миленький, славный; крошечный; ruban, m; couleur, f). Elle écartait sa mantille afin de montrer ses épaules et un gros bouquet de cassie (она откинула свою мантилью, чтобы показать свои плечи и большой букет кассии; écarter – раздвигать; отодвигать; cassie, f) qui sortait de sa chemise (который выступал из ее рубашки; sortir – выходить; выступать). Elle avait encore une fleur de cassie dans le coin de la bouche (у нее был еще один цветок кассии в зубах: «в углу рта»), et elle s’avançait en se balançant sur ses hanches (и она шла, покачавая бедрами; hanche, f) comme une pouliche du haras de Cordoue (как молодая кобыла с конного завода в Кордове; pouliche, f – молодая кобыла; haras, m – конный завод).