Ирина Дегиль - Французский с Ги де Мопассаном. Избранные новеллы
Quant à Simon, ils ne le connaissaient pas car il ne sortait jamais et il ne galopinait point avec eux dans les rues du village ou sur les bords de la rivière. Aussi ne l’aimaient-ils guère; et c’était avec une certaine joie, mêlée d’un étonnement considérable, qu’ils avaient accueilli et qu’ils s’étaient répété l’un à l’autre cette parole dite par un gars de quatorze ou quinze ans qui paraissait en savoir long tant il clignait finement des yeux :
– Vous savez… Simon… eh bien, il n’a pas de papa.
Le fils de la Blanchotte parut à son tour sur le seuil de l’école (сын Бланшотты показался в свою очередь на пороге школы; paraître – показываться, появляться; tour, m – оборот; очередь).
Il avait sept ou huit ans (ему было семь или восемь лет = лет семь-восемь). Il était un peu pâlot (он был немного бледноват; pâlot – бледненький, бледноватый; pâle – бледный), très propre (очень опрятный), avec l’air timide, presque gauche (застенчивый, почти стеснительный: «с застенчивым, почти стесненным видом»; gauche – левый; неуклюжий, нескладный; air gauche – неловкий, стесненный, натянутый вид).
Il s’en retournait chez sa mère (он возвращался к своей маме = домой; se retourner – повернуться, обернуться; s’en retourner – возвращаться) quand les groupes de ses camarades, chuchotant toujours (когда группы его одноклассников, продолжая шептаться: «по-прежнему перешептываясь»; camarade, m – товарищ; camarade d’école – школьный товарищ; одноклассник; toujours – всегда; по-прежнему) et le regardant avec les yeux malins et cruels des enfants (и глядя на него насмешливым и безжалостным взглядом детей; malin – злой; насмешливый; cruel – жестокий; безжалостный) qui méditent un mauvais coup (которые замышляют недобрый поступок; méditer – обдумывать; задумывать, замышлять; coup, m – удар; поступок), l’entourèrent peu à peu (стали окружать его мало-помалу) et finirent par l’enfermer tout à fait (и в конце концов совершенно окружили его; enfermer – запирать; окружать).
Le fils de la Blanchotte parut à son tour sur le seuil de l’école.
Il avait sept ou huit ans. Il était un peu pâlot, très propre, avec l’air timide, presque gauche.
Il s’en retournait chez sa mère quand les groupes de ses camarades, chuchotant toujours et le regardant avec les yeux malins et cruels des enfants qui méditent un mauvais coup, l’entourèrent peu à peu et finirent par l’enfermer tout à fait.
Il restait là, planté au milieu d’eux, surpris et embarrassé (он стоял неподвижно там, посреди них, удивленный и смущенный; planté – стоящий, торчащий; неподвижный;rester planté – неподвижно стоять; planter – сажать /растения/; втыкать /в землю/; surprendre – застать врасплох; удивлять; embarassé – загроможденный; смущенный), sans comprendre ce qu’on allait lui faire (не понимая, что они собирались с ним делать). Mais le gars qui avait apporté la nouvelle (но паренек, который принес новость), enorgueilli du succès obtenu déjà, lui demanda (преисполненный гордости от достигнутого уже успеха, спросил у него; enorgueillir – делать гордым; наполнять гордостью; orgueil, m – гордость; obtenir – добиваться, достигать):
– Comment t’appelles-tu, toi (эй ты, как тебя зовут)?
Il répondit: « Simon. » (он ответил: «Симон»; répondre)
Il restait là, planté au milieu d’eux, surpris et embarrassé, sans comprendre ce qu’on allait lui faire. Mais le gars qui avait apporté la nouvelle, enorgueilli du succès obtenu déjà, lui demanda :
– Comment t’appelles-tu, toi ?
Il répondit: « Simon. »
– Simon quoi (Симон, а дальше как)? reprit l’autre (продолжил тот; reprendre – снова брать; возобновлять; продолжать /речь/).
L’enfant répéta tout confus: « Simon. » (ребенок повторил, совершенно смутившись: «Симон»; confus – неясный; сконфуженный, смущенный)
Le gars lui cria (паренек крикнул ему): « On s’appelle Simon quelque chose (говорят Симон такой-то; s’appeler – называться, именоваться; называть себя; quelque chose – что-то, что-нибудь, нечто, кое-что)… c’est pas un nom ça… Simon (это не имя /просто/ Симон). »
Et lui, prêt à pleurer, répondit pour la troisième fois (а он, готовый /вот-вот/ расплакаться, ответил в третий раз):
– Je m’appelle Simon (меня зовут Симон).
– Simon quoi? reprit l’autre.
L’enfant répéta tout confus: « Simon. »
Le gars lui cria: « On s’appelle Simon quelque chose… c’est pas un nom ça… Simon. »
Et lui, prêt à pleurer, répondit pour la troisième fois :
– Je m’appelle Simon.
Les galopins se mirent à rire (мальчишки засмеялись). Le gars, triomphant, éleva la voix (паренек, торжествуя, повысил голос = сказал громко): « Vous voyez bien qu’il n’a pas de papa (вот видите, у него нет папы). »
Un grand silence se fit (наступила тишина: «большая тишина сделалась»; silence, m – молчание; тишина). Les enfants étaient stupéfaits par cette chose extraordinaire, impossible, monstrueuse (дети были поражены этой необычной, невозможной, противоестественной вещью; stupéfaire – ошеломлять; monstrueux – чудовищный; противоестественный) – un garçon qui n’a pas de papa (мальчик, у которого нет папы); ils le regardaient comme un phénomène, un être hors de la nature (они посмотрели на него, как на сверхъестественное чудо природы, существо; phénomène, m – /филос./ феномен; чудо природы; редкое явление; hors – вне; nature, f – природа; естественность), et ils sentaient grandir en eux ce mépris, inexpliqué jusque-là, de leurs mères pour la Blanchotte (и они почувствовали, как в них нарастает необъяснимое презрение, которое и их матери /питали/ к Бланшотте; grandir – расти; усиливаться; expliquer – объяснять).
Les galopins se mirent à rire. Le gars, triomphant, éleva la voix: « Vous voyez bien qu’il n’a pas de papa. »
Un grand silence se fit. Les enfants étaient stupéfaits par cette chose extraordinaire, impossible, monstrueuse – un garçon qui n’a pas de papa; ils le regardaient comme un phénomène, un être hors de la nature, et ils sentaient grandir en eux ce mépris, inexpliqué jusque-là, de leurs mères pour la Blanchotte.
Quant à Simon, il s’était appuyé contre un arbre pour ne pas tomber (что касается Симона, он прислонился к дереву, чтобы не упасть); et il restait comme atterré par un désastre irréparable (и он стоял, словно сраженный непоправимой бедой; atterrer – /уст./ повалить, сразить; ошеломить, сразить; terre, f – земля; irréparable – совсем испорченный; непоправимый; réparer – ремонтировать; восстанавливать). Il cherchait à s’expliquer (он старался объясниться; chercher – искать; chercher à faire qch – стараться что-то сделать). Mais il ne pouvait rien trouver pour leur répondre (но он не находил ничего = слов, чтобы ответить им) et démentir cette chose affreuse qu’il n’avait pas de papa (и опровергнуть эту чудовищную вещь, что у него нет папы; démentir – уличать во лжи; опровергать; mentir – лгать; affreux – ужасный, страшный; отвратительный). Enfin, livide, il leur cria à tout hasard (наконец, мертвенно-бледный, он крикнул наугад; à tout hasard – на всякий случай; наугад; hasard, m – случай; риск): « Si, j’en ai un (да нет же, у меня есть он). »
– Où est-il? demanda le gars (и где же он, – спросил паренек).
Quant à Simon, il s’était appuyé contre un arbre pour ne pas tomber; et il restait comme atterré par un désastre irréparable. Il cherchait à s’expliquer. Mais il ne pouvait rien trouver pour leur répondre et démentir cette chose affreuse qu’il n’avait pas de papa. Enfin, livide, il leur cria à tout hasard: « Si, j’en ai un. »
– Où est-il? demanda le gars.
Simon se tut; il ne savait pas (Симон замолчал, он не знал; se taire). Les enfants riaient, très excités (дети смеялись, очень возбужденные; rire); et ces fils des champs, plus proches des bêtes, éprouvaient ce besoin cruel (и эти сыновья = дети полей, близкие к животным, испытывали эту жестокую потребность; champs, m; bête, m – зверь, животное) qui pousse les poules d’une basse-cour à achever l’une d’entre elles aussitôt qu’elle est blessée (которая толкает кур на птичьем дворе прикончить одну из своих же, как только она бывает ранена; pousser – толкать; побуждать; подталкивать; poule, f; basse-cour, f – птичий двор; bas – низкий; cour, f – двор; achever – завершать; прикончить). Simon avisa tout à coup un petit voisin, le fils d’une veuve (Симон вдруг заметил маленького соседа, сына вдовы), qu’il avait toujours vu, comme lui-même, tout seul avec sa mère (который тоже всегда был только с мамой: «которого, как и себя самого, он всегда видел одного с мамой»).
Simon se tut; il ne savait pas. Les enfants riaient, très excités; et ces fils des champs, plus proches des bêtes, éprouvaient ce besoin cruel qui pousse les poules d’une basse-cour à achever l’une d’entre elles aussitôt qu’elle est blessée. Simon avisa tout à coup un petit voisin, le fils d’une veuve, qu’il avait toujours vu, comme lui-même, tout seul avec sa mère.
– Et toi non plus, dit-il, tu n’as pas de papa (у тебя тоже, – сказал он, – нет папы).
– Si, répondit l’autre, j’en ai un (нет, – ответил тот, – есть).
– Où est-il? riposta Simon (и где же он, возразил Симон).
– Il est mort, déclara l’enfant avec une fierté superbe (он умер, – заявил мальчик с гордостью; superbe – великолепный; /уст./ гордый, надменный, высокомерный), il est au cimetière, mon papa (мой папа на кладбище).
– Et toi non plus, dit-il, tu n’as pas de papa.
– Si, répondit l’autre, j’en ai un.
– Où est-il? riposta Simon.
– Il est mort, déclara l’enfant avec une fierté superbe, il est au cimetière, mon papa.
Un murmure d’approbation courut parmi les garnements (шепот одобрения пронесся среди сорванцов; murmure, m – журчание; шепот; approbation, f; approuver – одобрять; courir – бегать; распространяться; garnement, m – пострел; озорник), comme si ce fait d’avoir son père mort au cimetière eût grandi leur camarade (словно сам факт, что у него умер отец /и погребен/ на кладбище, возвеличил их товарища; mourir – умирать; grandir – увеличивать; возвышать) pour écraser cet autre qui n’en avait point du tout (чтобы раздавить другого, у которого вовсе его не было; écraser – давить; подавить, уничтожить). Et ces polissons (и эти проказники; polisson, m —шалун, проказник), dont les pères étaient, pour la plupart, méchants, ivrognes, voleurs et durs à leurs femmes (отцы которых были большей частью злыми, пьяницами, ворами, грубыми со своими женами; ivre – пьяный; voler – воровать; vol, m – воровство; dur – твердый; грубый), se bousculaient en se serrant de plus en plus (толкали друг друга, смыкаясь все больше и больше; se serrer – сжиматься; смыкаться), comme si eux, les légitimes, eussent voulu étouffer dans une pression celui qui était hors la loi (словно они, законные /дети/, хотели задавить того, кто был вне закона; légitime – законный; légitime, f – /разг./ законная супруга, жена; un enfant légitime – законный ребенок; étouffer – душить; pression, f – давление; нажим).