Ирина Дегиль - Французский с Проспером Мериме. Кармен
Et je lui tendis la main (и я протянул ему руку; tendre – натягивать; протягивать).
– Pour prix du service que je vous ai rendu, promettez-moi, don José, de ne soupçonner personne, de ne pas songer à la vengeance. Tenez, voilà des cigares pour votre route; bon voyage!
Et je lui tendis la main.
Il me la serra sans répondre (он мне ее пожал, не ответив; serrer – жать; пожимать), prit son espingole et sa besace (взял свой мушкетон и котомку), et, après avoir dit quelques mots à la vieille dans un argot que je ne pus comprendre (и, сказав несколько слов старухе на наречии, который я не смог понять; argot, m – арго; жаргон), il courut au hangar (он побежал в сарай; courir). Quelques instants après, je l’entendais galoper dans la campagne (несколькими мгновениями спустя я услышал, как он мчится галопом по полю; campagne, f – поле; равнина; сельская местность).
Pour moi, je me recouchai sur mon banc, mais je ne me rendormis point (что касается меня, я снова лег на свою скамью, но я не заснул снова; se rendormir – снова уснуть; s'endormir – засыпать; point – не; вовсе не; ничуть). Je me demandais si j’avais eu raison (я спрашивал себя, был ли я прав; raison, f – разум; причина; правота) de sauver de la potence un voleur, et peut-être un meurtrier (что спас от виселицы вора и, может быть, убийцу; meurtre, m – убийство), et cela seulement parce que j’avais mangé du jambon avec lui et du riz à la valencienne (и только потому, что я ел с ним ветчину и рис по-валенсиански).
Il me la serra sans répondre, prit son espingole et sa besace, et, après avoir dit quelques mots à la vieille dans un argot que je ne pus comprendre, il courut au hangar. Quelques instants après, je l’entendais galoper dans la campagne.
Pour moi, je me recouchai sur mon banc, mais je ne me rendormis point. Je me demandais si j’avais eu raison de sauver de la potence un voleur, et peut-être un meurtrier, et cela seulement parce que j’avais mangé du jambon avec lui et du riz à la valencienne.
N’avais-je pas trahi mon guide qui soutenait la cause des lois (не предал ли я своего проводника, который совершал законное дело; soutenir – поддерживать; защищать; cause, f – причина; дело; loi, f – закон; pl законодательство); ne l’avais-je pas exposé à la vengeance d’un scélérat (не подставил ли я его мести злодея; exposer – выставлять; подвергать; подставлять)? Mais les devoirs de l’hospitalité (но долг гостеприимства; devoir, m; hospitalité, f)!… Préjugé de sauvage, me disais-je (предрассудок дикаря, говорил я себе; préjugé, m – предварительное мнение; предрассудок); j’aurai à répondre de tous les crimes que le bandit va commettre (я буду отвечать за все преступления, которые этот бандит совершит; crime, m – преступление, злодеяние)… Pourtant est-ce un préjugé que cet instinct de conscience (но предрассудок ли это, этот внутренний голос совести; instinct, m – инстинкт; чутье) qui résiste à tous les raisonnements (который сопротивляется всем доводам; raisonnement, m – рассуждение; довод; raisonner – рассуждать)? Peut-être, dans la situation délicate où je me trouvais (может быть, из этого деликатного положения, в котором я находился; situation, f – местоположение; состояние, положение), ne pouvais-je m’en tirer sans remords (я не мог выйти без угрызений совести; tirer – тащить, тянуть; s’en tirer – выпутаться, выбраться; remords, m).
N’avais-je pas trahi mon guide qui soutenait la cause des lois; ne l’avais-je pas exposé à la vengeance d’un scélérat? Mais les devoirs de l’hospitalité!… Préjugé de sauvage, me disais-je; j’aurai à répondre de tous les crimes que le bandit va commettre… Pourtant est-ce un préjugé que cet instinct de conscience qui résiste à tous les raisonnements? Peut-être, dans la situation délicate où je me trouvais, ne pouvais-je m’en tirer sans remords.
Je flottais encore dans la plus grande incertitude au sujet de la moralité de mon action (я пребывал в еще большой неуверенности по поводу нравственности моего поступка; flotter – плавать /держаться на поверхности воды/; колебаться; action, f), lorsque je vis paraître une demi-douzaine de cavaliers avec Antonio (когда увидел, как появились полдюжины всадников вместе с Антонио), qui se tenait prudemment à l’arrière-garde (который из осторожности держался позади; prudent – осторожный; arrière-garde, f – арьергард). J’allai au-devant d’eux (я пошел им навстречу), et les prévins que le bandit avait pris la fuite depuis plus de deux heures (и предупредил их, что бандит бежал два часа назад; prévenir; fuite, f – бегство). La vieille, interrogée par le brigadier, répondit qu’elle connaissait le Navarro (старуха, на вопрос ефрейтора: «опрошенная ефрейтором», ответила, что она знает Наварро; brigadier, m – бригадир; командир; ефрейтор), mais que, vivant seule, elle n’aurait jamais osé risquer sa vie en le dénonçant (но что, поскольку она живет одна, она никогда бы не осмелилась рискнуть своей жизнью, донеся на него; dénoncer – изобличать; доносить).
Je flottais encore dans la plus grande incertitude au sujet de la moralité de mon action, lorsque je vis paraître une demi-douzaine de cavaliers avec Antonio, qui se tenait prudemment à l’arrière-garde. J’allai au-devant d’eux, et les prévins que le bandit avait pris la fuite depuis plus de deux heures. La vieille, interrogée par le brigadier, répondit qu’elle connaissait le Navarro, mais que, vivant seule, elle n’aurait jamais osé risquer sa vie en le dénonçant.
Elle ajouta que son habitude, lorsqu’il venait chez elle (она добавила, что в его привычках, когда он приезжал к ней; habitude, f; s’habituer à qch – привыкать к чему-либо), était de partir toujours au milieu de la nuit (было всегда уезжать посреди ночи). Pour moi, il me fallut aller, à quelques lieues de là (что касается меня, я должен был поехать за несколько миль), exhiber mon passeport et signer une déclaration devant un alcade (предъявить мой паспорт и подписать заявление у алькальда; alcade, m – алькальд; /уст./ комендант или начальник стражи), après quoi on me permit de reprendre mes recherches archéologiques (после чего мне разрешили продолжить мои археологические поиски; permettre; recherche, f). Antonio me gardait rancune (Антонио затаил на меня обиду; rancune, f – злопамятность, злоба), soupçonnant que c’était moi qui l’avais empêché de gagner les deux cents ducats (подозревая, что именно я помешал ему заработать двести дукатов). Pourtant nous nous séparâmes bons amis à Cordoue (однако мы расстались в Кордове добрыми друзьями); là, je lui donnai une gratification aussi forte que l’état de mes finances pouvait me le permettre (там я дал ему щедрое вознаграждение, которое только мне позволяло состояние моих финансов; fort – сильный, крепкий; значительный; gratification, f – денежная награда; вознаграждение; finances, f pl).
Elle ajouta que son habitude, lorsqu’il venait chez elle, était de partir toujours au milieu de la nuit. Pour moi, il me fallut aller, à quelques lieues de là, exhiber mon passeport et signer une déclaration devant un alcade, après quoi on me permit de reprendre mes recherches archéologiques. Antonio me gardait rancune, soupçonnant que c’était moi qui l’avais empêché de gagner les deux cents ducats. Pourtant nous nous séparâmes bons amis à Cordoue; là, je lui donnai une gratification aussi forte que l’état de mes finances pouvait me le permettre.
II
Je passai quelques jours à Cordoue (я провел несколько дней в Кордове). On m’avait indiqué certain manuscrit de la bibliothèque des Dominicains (мне указали на некую рукопись из библиотеки доминиканцев), où je devais trouver des renseignements intéressants sur l’antique Munda (в которой я должен был найти интересные сведения о древней Мунде). Fort bien accueilli par les bons pères (очень хорошо принятый добрыми отцами /монахами/; accueillir – принимать, встречать), je passais les journées dans leur couvent (я проводил дни в их обители; journée, f; couvent, m – монастырь, обитель), et le soir je me promenais par la ville (а вечером гулял по городу). À Cordoue, vers le coucher du soleil, il y a quantité d’oisifs sur le quai (в Кордове, ближе к закату солнца, бывает много праздношатающихся на набережной; coucher, m – отход ко сну; заход /солнца/; oisif – праздный; oisif, m – бездельник) qui borde la rive droite du Guadalquivir (которая находится на правом берегу Гвадалквивира; border – окаймлять).
Je passai quelques jours à Cordoue. On m’avait indiqué certain manuscrit de la bibliothèque des Dominicains, où je devais trouver des renseignements intéressants sur l’antique Munda. Fort bien accueilli par les bons pères, je passais les journées dans leur couvent, et le soir je me promenais par la ville. À Cordoue, vers le coucher du soleil, il y a quantité d’oisifs sur le quai qui borde la rive droite du Guadalquivir.
Là, on respire les émanations d’une tannerie (там дышишь испарениями кожевенного завода; émanation, f – эманация; испарение; émaner – выделяться; испаряться; tanner – дубить кожи) qui conserve encore l’antique renommée du pays pour la préparation des cuirs (который сохраняет еще былую славу края из-за выделки кожи; préparation, f – приготовление; обработка; выделка; cuir, m); mais, en revanche, on y jouit d’un spectacle qui a bien son mérite (но зато здесь наслаждаешься зрелищем, которое того стоит; mérite, m – заслуга). Quelques minutes avant l’angélus (за несколько минут до колокольного звона к молитве к Пресвятой Богородице; angélus, m – молитва, обращенная к Богородице; ангелус; колокольный звон, призывающий к этой молитве), un grand nombre de femmes se rassemblent sur le bord du fleuve (большое количество женщин собирается на берегу реки), au bas du quai, lequel est assez élevé (внизу набережной, которая довольно высока; élevé – высокий; возвышенный; élever – возвышать, повышать, поднимать). Pas un homme n’oserait se mêler à cette troupe (ни один мужчина не осмелился бы вмешаться в эту толпу). Aussitôt que l’angélus sonne, il est censé qu’il fait nuit (как только /колокол/ пробьет к молитве, считается, что настала ночь = уже темно). Au dernier coup de cloche, toutes ces femmes se déshabillent et entrent dans l’eau (при последнем ударе колокола все женщины раздеваются и входят в воду; cloche, f; eau, f). Alors ce sont des cris, des rires, un tapage infernal (и тогда /слышатся/ крики, смех, адский шум; cri, m; rire, m).
Là, on respire les émanations d’une tannerie qui conserve encore l’antique renommée du pays pour la préparation des cuirs; mais, en revanche, on y jouit d’un spectacle qui a bien son mérite. Quelques minutes avant l’angélus, un grand nombre de femmes se rassemblent sur le bord du fleuve, au bas du quai, lequel est assez élevé. Pas un homme n’oserait se mêler à cette troupe. Aussitôt que l’angélus sonne, il est censé qu’il fait nuit. Au dernier coup de cloche, toutes ces femmes se déshabillent et entrent dans l’eau. Alors ce sont des cris, des rires, un tapage infernal.