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Ирина Дегиль - Французский с Проспером Мериме. Кармен

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Je la laissai partir. Seul, je pensai à cette fête et à ce changement d’humeur de Carmen. Il faut qu’elle se soit vengée déjà, me dis-je, puisqu’elle est revenue la première. Un paysan dit qu’il y avait des taureaux à Cordoue. Voilà mon sang qui bouillonne, et, comme un fou, je pars, et je vais à la place. On me montra Lucas, et, sur le banc contre la barrière, je reconnus Carmen. Il me suffit de la voir une minute pour être sûr de mon fait. Lucas, au premier taureau, fit le joli cœur, comme je l’avais prévu.

Il arracha la cocarde44 du taureau et la porta à Carmen (он сорвал у быка кокарду и отнес ее Кармен; cocarde, f – кокарда; опознавательный знак), qui s’en coiffa sur-le-champ (которая тут же приколола ее к волосам; se coiffer – причесываться; надевать головной убор). Le taureau se chargea de me venger (бык взялся отомстить за меня; se charger – обременять себя; брать на себя). Lucas fut culbuté avec son cheval sur la poitrine (Лукас перекувыркнулся вместе со своей лошадью /и упал/ ничком: «на грудь»; culbuter – полететь кубарем; перевернуться, перекувырнуться), et le taureau par-dessus tous les deux (а бык на них: «поверх двоих»). Je regardai Carmen (я посмотрел на Кармен), elle n’était déjà plus à sa place (ее уже не было на своем месте). Il m’était impossible de sortir de celle où j’étais (мне было невозможно уйти = я не мог выбраться с места, где я находился), et je fus obligé d’attendre la fin des courses (и я был вынужден дожидаться окончания боя). Alors j’allai à la maison que vous connaissez (затем я пошел в тот дом, который вы знаете), et je m’y tins coi toute la soirée et une partie de la nuit (и просидел там тихо весь вечер и часть ночи; se tenir coi – присмиреть, притихать; coi – тихий, смирный). Vers deux heures du matin Carmen revint (около двух часов утра вернулась Кармен), et fut un peu surprise de me voir (и была немного удивлена, увидев меня).

Il arracha la cocarde du taureau et la porta à Carmen, qui s’en coiffa sur-le-champ. Le taureau se chargea de me venger. Lucas fut culbuté avec son cheval sur la poitrine, et le taureau par-dessus tous les deux. Je regardai Carmen, elle n’était déjà plus à sa place. Il m’était impossible de sortir de celle où j’étais, et je fus obligé d’attendre la fin des courses. Alors j’allai à la maison que vous connaissez, et je m’y tins coi toute la soirée et une partie de la nuit. Vers deux heures du matin Carmen revint, et fut un peu surprise de me voir.

– Viens avec moi, lui dis-je (ступай со мной, – сказал я ей).

– Eh bien! dit-elle, partons (что ж, – сказала она, – едем)!

J’allai prendre mon cheval (я пошел за лошадью), je la mis en croupe (посадил ее позади себя; сroupe, f – круп, зад /у животных/), et nous marchâmes tout le reste de la nuit sans nous dire un seul mot (и мы ехали всю оставшуюся часть ночи, не говоря друг другу ни единого слова). Nous nous arrêtâmes au jour dans une venta isolée (мы остановились на рассвете в глухой венте), assez près d’un petit ermitage (неподалеку от небольшого скита; ermitage, m – пустынь, скит; ermite, m – отшельник).

– Viens avec moi, lui dis-je.

– Eh bien! dit-elle, partons!

J’allai prendre mon cheval, je la mis en croupe, et nous marchâmes tout le reste de la nuit sans nous dire un seul mot. Nous nous arrêtâmes au jour dans une venta isolée, assez près d’un petit ermitage.

Là je dis à Carmen (тут я сказал Кармен):

– Écoute, j’oublie tout (послушай, я забуду все). Je ne te parlerai de rien (я не буду тебе говорить ни о чем); mais jure-moi une chose (но поклянись мне в одном = пообещай мне одно): c’est que tu vas me suivre en Amérique (что ты последуешь за мной в Америку), et que tu t’y tiendras tranquille (и что будешь вести себя там спокойно; se tenir tranquille – ничего не предпринимать, не рыпаться; tranquille – тихий; смирный).

– Non, dit-elle d’un ton boudeur (нет, – сказала она недовольным тоном), je ne veux pas aller en Amérique (я не хочу ехать в Америку). Je me trouve bien ici (я чувствую себя хорошо здесь = мне и здесь хорошо; se trouver – находиться; чувствовать себя).

Là je dis à Carmen:

– Écoute, j’oublie tout. Je ne te parlerai de rien; mais jure-moi une chose: c’est que tu vas me suivre en Amérique, et que tu t’y tiendras tranquille.

– Non, dit-elle d’un ton boudeur, je ne veux pas aller en Amérique. Je me trouve bien ici.

– C’est parce que tu es près de Lucas (это потому что ты здесь рядом с Лукасом): mais songes-y bien (но подумай хорошенько), s’il guérit, ce ne sera pas pour faire de vieux os (если он выздоровеет, он долго не протянет; guérir; ne pas faire vieux os – недолго протянуть, не дожить до старости; vieux – старый; os, m – кость). Au reste, pourquoi m’en prendre à lui (впрочем, к чему мне срывать зло на нем; s’en prendre à qn – сердиться на кого-либо, срывать зло на ком-либо)? Je suis las de tuer tous tes amants (я устал убивать всех твоих любовников); c’est toi que je tuerai (я убью тебя).

Elle me regarda fixement de son regard sauvage et me dit (она посмотрела на меня пристально своим диким взглядом и сказала мне):

– J’ai toujours pensé que tu me tuerais (я всегда думала, что ты меня убьешь). La première fois que je t’ai vu (в первый раз, когда я тебя увидела), je venais de rencontrer un prêtre à la porte de ma maison (я /как раз/ встретила перед тем священника у двери моего дома). Et cette nuit, en sortant de Cordoue, n’as-tu rien vu (а этой ночью, когда мы выезжали из Кордовы, ты ничего не видел; sortir – выходить; выезжать)? Un lièvre a traversé le chemin entre les pieds de ton cheval (заяц перебежал дорогу между ног = копыт твоей лошади). C’est écrit (так суждено; écrit – написанный; предопределенный; écrire – писать).

– C’est parce que tu es près de Lucas: mais songes-y bien, s’il guérit, ce ne sera pas pour faire de vieux os. Au reste, pourquoi m’en prendre à lui? Je suis las de tuer tous tes amants; c’est toi que je tuerai.

Elle me regarda fixement de son regard sauvage et me dit:

– J’ai toujours pensé que tu me tuerais. La première fois que je t’ai vu, je venais de rencontrer un prêtre à la porte de ma maison. Et cette nuit, en sortant de Cordoue, n’as-tu rien vu? Un lièvre a traversé le chemin entre les pieds de ton cheval. C’est écrit.

– Carmencita, lui demandai-je (Карменсита, – спросил я ее), est-ce que tu ne m’aimes plus (ты меня больше не любишь)?

Elle ne répondit rien (она ничего не ответила). Elle était assise les jambes croisées sur une natte (она сидела на циновке, скрестив ноги) et faisait des traits par terre avec son doigt (и чертила пальцем линии на земле; trait, m – стрела; черта, линия).

– Changeons de vie, Carmen (изменим жизнь = давай жить по-другому, Кармен), lui dis-je d’un ton suppliant (сказал я ей умоляющим тоном; supplier – умолять). Allons vivre quelque part où nous ne serons jamais séparés (давай жить где-нибудь, где мы не будем никогда разлучаться). Tu sais que nous avons, pas loin d’ici, sous un chêne (ты знаешь, что у нас есть недалеко отсюда, под дубом), cent vingt onces enterrées (закопанных сто двадцать унций; once, f)… Puis, nous avons des fonds encore chez le juif ben-Joseph (потом, у нас есть еще деньги у еврея бен Иосифа; fonds, m – почва; средства).

– Carmencita, lui demandai-je, est-ce que tu ne m’aimes plus?

Elle ne répondit rien. Elle était assise les jambes croisées sur une natte et faisait des traits par terre avec son doigt.

– Changeons de vie, Carmen, lui dis-je d’un ton suppliant. Allons vivre quelque part où nous ne serons jamais séparés. Tu sais que nous avons, pas loin d’ici, sous un chêne, cent vingt onces enterrées… Puis, nous avons des fonds encore chez le juif ben-Joseph.

Elle se mit à sourire, et me dit (она заулыбалась: «принялась улыбаться» и сказала мне):

– Moi d’abord, toi ensuite (сначала я, потом ты). Je sais bien que cela doit arriver ainsi (я знаю, что это должно так произойти).

– Réfléchis, repris-je (подумай, – продолжал я); je suis au bout de ma patience et de mon courage (я теряю и терпение, и мужество: «я на краю моего терпения и мужества»); prends ton parti ou je prendrai le mien (прими свое окончательное решение, или я приму свое).

Elle se mit à sourire, et me dit:

– Moi d’abord, toi ensuite. Je sais bien que cela doit arriver ainsi.

– Réfléchis, repris-je; je suis au bout de ma patience et de mon courage; prends ton parti ou je prendrai le mien.

Je la quittai et j’allai me promener du côté de l’ermitage (я оставил ее и пошел прогуляться в сторону скита). Je trouvai l’ermite qui priait (я застал отшельника, который молился). J’attendis que sa prière fût finie (я подождал пока он закончит свою молитву: «его молитва будет закончена»); j’aurais bien voulu prier, mais je ne pouvais pas (я бы хотел помолиться, но я не мог). Quand il se releva, j’allai à lui (когда он поднялся, я подошел к нему).

– Mon père, lui dis-je (отец, – сказал я ему), voulez-vous prier pour quelqu’un qui est en grand péril (не откажетесь помолиться за одного человека, который в большой опасности; quelqu’un – кто-нибудь, некто)?

– Je prie pour tous les affligés, dit-il (я молюсь за всех скорбящих, сказал он; affliger – поражать, постигать; печалить).

Je la quittai et j’allai me promener du côté de l’ermitage. Je trouvai l’ermite qui priait. J’attendis que sa prière fût finie; j’aurais bien voulu prier, mais je ne pouvais pas. Quand il se releva, j’allai à lui.

– Mon père, lui dis-je, voulez-vous prier pour quelqu’un qui est en grand péril?

– Je prie pour tous les affligés, dit-il.

– Pouvez-vous dire une messe pour une âme (вы можете поминуть душу; messe, f – месса; обедня; богослужение) qui va peut-être paraître devant son Créateur (которая, может быть, предстанет перед своим Создателем; paraître – показываться, появляться)?

– Oui, répondit-il en me regardant fixement (да, – ответил он, глядя на меня пристально).

Et, comme il y avait dans mon air quelque chose d’étrange (и посколько в моем лице, видимо, было что-то странное; air, m – вид), il voulut me faire parler (он хотел разговорить меня: «заставить меня говорить»):

– Il me semble que je vous ai vu, dit-il (мне кажется, что я вас видел /где-то/, – сказал он).

Je mis une piastre sur son banc (я положил один пиастр на его скамью).

– Pouvez-vous dire une messe pour une âme qui va peut-être paraître devant son Créateur?

– Oui, répondit-il en me regardant fixement.

Et, comme il y avait, dans mon air quelque chose d’étrange, il voulut me faire parler:

– Il me semble que je vous ai vu, dit-il.

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