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Анатолий Вишневский - Перехваченные письма

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Неожиданно маме пришло официальное письмо с приглашением срочно явится в ГПУ. Такие приглашения обычно не сулили ничего хорошего. Что могло случиться? Мы были обеспокоены — на этот раз напрасно. Маму встретили очень вежливо, и кудрявый начальник сообщил ей, что ее просьба удовлетворена и она может ехать куда угодно.

Мы были оглушены. Новость была прекрасная, хотя я испытывала и огорчение, как, впрочем, и мама. Но она была нужнее ее собственной матери, которой недолго уже оставалось жить. Все же она решила не уезжать до моих родов.

Дневник Елизаветы Алексеевны Нарышкиной

Le 10/23 janvier 1926

Reçu ce matin lettre de Véra m'annonçant qu'elle a reçu l'autorisation de quitter la Russie! Ne savais pas qu'elle l'avait demandée. Certes, c'est une grande joie! et le premier pas vers la délivrance. Dieu a entendu le cri de mon âme et la lettre d'aujourd'hui me semble sa réponse. Mais jusqu' à la réalisation que de chemin encore. Répondu que je lui conseillais de partir par la Finlande. Je tâcherai de lui payer son voyage jusqu'à Helsingfors — ce sera bien difficile pour moi — mais après? J'ai eu des secours inespérés — mais elle ne les aura pas. Veut attendre les couches d'Irène, ce ne sera donc que dans deux mois environ qu'elles pourront se mettre en route[37].


Le 20 janvier / 2 février 1926

Reçu lettre de Kot. Epaté de la nouvelle de l'arrivée possible de Véra! Peut à peine y croire. Le cher Kot veut emprunter de l'argent pour le voyage de sa mère. C'est délicieux de sa part. Il a en tête une affaire, si cela réussit à s'emmancher, ce sera bien. Il veut attendre pour partir de recevoir à ce sujet une lettre d'Amérique. Je crois que nous ne sommes pas faits pour de grands coups de filet, mais pour poursuivre modestement notre chemin en vivant au jour le jour du pain que Dieu nous envoie. Je ne l'ai pas découragé, mais je n'aurai aucune désillusion quand il m'écrira que son projet est partie en fumée[38].

Из воспоминаний Ирины Голицыной

В конце февраля, вечером, когда мы только что вернулись от мамы, у меня начались схватки. Мы с Ники долго шли пешком по ночным улицам, пока нам удалось поймать извозчика, и мы благополучно добрались до больницы Красного Креста. Утром у меня родилась девочка. Мы назвали ее Ириной.

Тем временем пришло письмо от Ики: она торопила маму с отъездом. Если мама задержится, писала она, решение может быть пересмотрено. Пришлось продать кое-что из оставшихся драгоценностей, чтобы уплатить за паспорт. Наконец, все было готово, и наступил день отъезда. Ники отвез маму на вокзал. А потом приходили письма от нее: сперва из Москвы, где она задержалась на несколько дней; затем из Финляндии, где она пыталась получить некогда оставленные в банке ценности, — оказалось, что они уже были изъяты кем-то по подложным документам; и наконец, из Парижа.

Вера Татищева — кому-то из членов царской семьи (черновик письма)

Париж, 5/18 июня 1926

Ваше Высочество,

Мари Эттер передала мне от Вашего имени 150 крон, которые Вы были так добры мне прислать, чтобы помочь мне доехать к моей матери. Не могу выразить, в какой степени я смущена и благодарна Вашему Высочеству за щедрую помощь, так сильно облегчившую мое длинное путешествие из Перми. Если я не выразила Вам сразу моей глубокой благодарности, то это потому, что впечатление от перемены условий моей жизни в Советской России на те, в которых я очутилась, переехав границу, было настолько сильно, что лишило меня возможности первое время правильно мыслить и излагать свои мысли.

Теперь я начинаю постепенно приходить в себя, главным образом, благодаря тому спокойному и в высшей степени приятному пребыванию, которое я имела у Эттеров в Финляндии. Третьего дня я приехала в Париж. Я не видела мою мать два года, так как провела эти последние два года в ссылке, в Перми. Я нашла Мама несколько ослабевшей, но в общем ее состояние, слава Богу, удовлетворительно. Здесь я еще не осмотрелась и пока не нашла себе работы, но очень надеюсь, что со временем мне удастся найти постоянный заработок, и тогда я смогу вернуть Вам свой долг, что, к крайнему моему сожалению, лишена возможности сделать сейчас.

Благоволите, Ваше Высочество, принять уверение в моей глубокой благодарности и преданности.

В. Татищева

Дневник Елизаветы Алексеевны Нарышкиной

Le 2/15 juillet 1926

Nous avons toujours des fortes chaleurs d'été. Tout le monde s'en plaint, excepté moi car il me semble que cette température est la meilleure cure pour mes maux. Je me sens déjà mieux depuis quelques jours, mais je ne me fais pas d'illusions; dès que reviendront le froid et l'humidité, mes souffrances retrouveront leur intensité. Véra est venue avant-hier. C'est comme je l'avais craint, elle n'est apte à rien et ne trouve aucun travail. Kot ne peut pas la soutenir car il n'a rien lui-même. Pour vivre de son travail il faut travailler et c'est ce qu'il ne sait pas faire. Il apprend à faire des enluminures artistiques sur métal et à titre de secours il reçoit temporairement un petit appointement mais pour que l'oeuvre réussisse, il faudra beaucoup de temps et d'argent si toute l'entreprise ne coule pas.

Me voici de nouveau devant ce problème de la vie qui par la grâce de Dieu avait semblé s'apaiser pour moi, et je suis de nouveau devant les tourments du pain quotidien, augmentés et aggravés par la complication d'avoir à subvenir aux dépenses d'une famille qui ne peut pas s'aider. Je ne puis plus m'adresser à R. maintenant qu'on a rejeté son appui qu'il était prêt à donner. J'aurais voulu passer l'hiver à Nice au «Rousskii dom» — j'attends l’arrivée de Shebeko pour lui demander s'il a appris quelque chose à ce sujet et qu'on me dise à qui je puis m'adresser. Je ne puis rester indéfiniment chez T. et prendre un logement à Paris serait trop cher, je le crains[39].


Le 7/20 juillet 1926

Je me suis crétinisée en lisant une masse de journaux. Tous mécontents et inquiets de la politique extérieure. L'homme s'agite, travaille, hait, souffre, triomphe dans le mal et la volonté de Dieu s'accomplit avec la lenteur des évolutions qu'elle règle. Et quelles débandades de pressions haineuses, de crimes sur cette terre dont la destinée aurait été la préparation pour la félicité éternelle.

Ouvert le livre d'Elisabeth «Lesueur». C'est un baume pour l'âme tant elle est pénétrée d'un saint amour des âmes et tant elle est fidèle dans sa vocation. Toute sa vie, toutes ses pensées et toutes ses prières n'ont que ce seul but. Elle y joint ses souffrances — mais parmi ses souffrances il y en a une qu'elle ne connaît pas et c'est celle qui me ronge: c'est le tourment du pain quotidien! Elle est riche et se prive volontairement, mais elle ne connaît pas le spectre de la misère qui — hélas! — se dresse devant moi, pour elle et pour les siens. Je me répète continuellement: Ne vous inquiétez pas. Notre Père céleste sait ce dont vous avez besoin avant que vous ne le lui demandiez. Et j'ai éprouvé la vérité de cette promesse pendant tout le cours de ma vie. Maintenant je vis au jour le jour grâce aux 10 livres que me donne par mois, la bonne petite Ksenia Trofimovna, mais quand cet argent tarde (comme à présent) — la crainte me saisit. Oh! que cette misère m'apprenne enfin l'humilité. J'ai cherché ces derniers temps un abri constant — d’abord près de l'Armée du Salut et puis chez les diaconesses protestantes! Rien n'a réussi. Je dois continuer comme je le fais. Je dois surtout prier, prier de toute mon âme afin que Dieu touche enfin cette âme engourdie et me fasse sentir (mot souligné) sa présence. Mon corps malade et la nécessité de me soigner sont mon obstacle à l'activité naturelle qui me manque, et au secours religieux que je ne puis aller chercher![40]


Le 8/21 juillet 1926

Aujourd'hui en ouvrant le journal j'y lis la mort subite de Dzerjinski, ce terrible chef de la Tcheka et du G.P.U. qui a couvert la Russie de tortures et d'assassinats pendant les 9 années de son pouvoir illimité! Il est mort en pleine période d'activité d'un arrêt de cœur! Le voilà donc transporté devant le jugement de Dieu. Et il reverra tous ses milliers de victimes qui seront un témoignage accablant contre lui! О désespoir! О douleur! Je tire le rideau sur cette horrible vision!…

Léon R. est venu déjeuner ici. Il est entré chez moi et m'a apporté de belles roses. Sa femme n'était pas encore arrivée et il est resté chez moi quelque temps causant agréablement. Il m'a dit qu'il avait beaucoup regretté que Kot eût refusé la place que lui avait procurée un de ses amis. Il lui aurait fait d'emblée une situation de 1500 fr. par mois ou 2 mois — et cela aurait encore augmenté et il l'aurait surveillé et habitué aux affaires. Il aurait été libre depuis 5 heures et aurait eu le temps de s'occuper de peinture ou de littérature; et les appointements réguliers auraient été suffisants pour faire vivre la famille — Véra y compris. Je lui ai répondu que j'avais le même regret. En effet. C'est une chose si rare que d'avoir un chemin ouvert dès le début, qu'il faut s'en saisir avec empressement en voyant surtout cette lutte pour l'existence qui obsède toute la société.

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